Last modified: 2022-09-04
Abstract
Contexte : Pour améliorer l’accessibilité des services de réadaptation aux personnes handicapées (PH), le Bénin a développé deux approches de réadaptation : la réadaptation à l’hôpital ou Réadaptation Médicale (RM) et la Réadaptation à Base Communautaire (RBC). Avec ces deux approches qui se veulent complémentaires, l’extension des services de réadaptation a permis une meilleure couverture nationale du pays. Toutefois, nombreuses sont les PH qui n’ont toujours pas accès aux services de réadaptation. L’OMS estime en effet que la plupart des PH des pays en voie en développement n’ont pas accès aux services de réadaptation pour des raisons diverses. Les préjugés et les pesanteurs socio-culturelles sont souvent évoqués par les auteurs. Pour comprendre les raisons qui expliqueraient la faible utilisation des services de réadaptation par les PH au Bénin, cette étude a été réalisée et permettra à son terme de planifier des actions correctrices appropriées.
Objectif : Le but de cette étude était d’apprécier l’ampleur des pesanteurs socio-culturelles et leur influence sur l’utilisation des services de réadaptation par les personnes handicapées au Bénin.
Méthodes : Il s’agit d’une étude d’observation descriptive transversale à visée analytique réalisée en mars 2019. Les dossiers des patients ont été rassemblés de manière rétrospective et concernaient les infirmités motrices d’origine cérébrale, les paraplégiques/tétraplégiques, les amputations et les séquelles d’hémiplégie sévère reçus en rééducation au cours de l’année 2018 à l’hôpital et/ou dans un centre RBC. De trois strates administratives constituées (sud, centre et nord du Bénin) ont été retenus quatre services de RM et quatre districts RBC en tenant compte de la fréquentation des services/districts et de la densité de la population. Un échantillonnage systématique des personnes handicapées reçues et répondant aux critères de sélection a été fait et une interview sur questionnaire a été réalisée.
Résultats : 324 personnes handicapées ont été concernées par cette étude constituée de 34% d’IMC, 27% d’hémiplégiques et 10% de personnes amputées de membre. Nous avions remarqué que 46% des PH proviennent d’un milieu rural, 43,7% sont des femmes, 42,6% avaient moins de 20 ans et 31% sont non instruits.
Dans 88% des cas, les frais des soins de réadaptation que ces PH ont reçu reposaient sur leur ménage, leurs parents proches et sur des donateurs. Les causes de la survenue du handicap sont objectivées par les PH elles-mêmes dans 74.4% des cas contre 24.3% qui évoquent des causes surnaturelles et 0.03% n’ont pas d’avis sur la question. Par contre selon l’entourage des PH, 50.6% évoquent des causes surnaturelles.
Conclusion : ¼ des PH de notre étude ayant été déjà admises en réadaptation continuent de lier leur handicap à des causes surnaturelles et plus de la moitié de leur entourage l’évoquent. La persistance de ces croyances pourrait avoir une influence négative sur l’accessibilité et l’utilisation des services de réadaptation par les PH au Bénin.