Last modified: 2022-09-03
Abstract
L’Organisation Mondiale de la Santé précise que « dans le monde, plus d’un milliard de personnes vivent avec un handicap, sous une forme ou une autre » (OMS, 2011). Cette réalité expose la dimension sociale que revêt le concept de handicap. Les personnes porteuses d’une infirmité sont hétérogènes. En effet, il existe plusieurs types de handicap qui sont d’ordre moteur, sensoriel, mental ou psychique. Cependant, il peut survenir des conditions particulières, où l’on retrouve une intrication d’invalidités de nature différente. On assiste alors à un handicap beaucoup plus lourd qui débouche sur une situation de handicap complexe. Cette circonstance se décrit comme étant complexe car elle englobe une multitude de déficiences sévères. A l’intérieur de ce tableau, il y a des plusieurs entités pathologiques telles que le polyhandicap. Pour cette contribution, c’est sur ce terme que nous mettrons l’accent. Le polyhandicap renvoie à un handicap grave associant déficiences motrices et déficiences mentales sévères ou profonde, débouchant sur une restriction extrême de l’autonomie (Dind, 2018).
Nous souhaitons présenter des personnes limitées dans leur condition humaine. Du fait de leurs déficiences qui impactent leur développement tant au plan moteur qu’au plan cognitif, elles ont en permanence besoin de l’aide d’un tiers. Il s’agit, aussi, de personnes qui éprouvent des difficultés, au niveau de l’interaction et de la communication. Devant ce handicap important, nous nous posons la question suivante : pour un mieux-être du polyhandicapé, quelle stratégie pluridisciplinaire pourrait être envisagée entre le physiothérapeute et le psycholinguiste ?
La précédente interrogation n’a pas véritablement fait l’objet d’une étude. Cette réflexion est posée, en vue de se pencher sur le vécu d’une population déficiente intellectuelle, totalement dépendante. Elle peut, cependant, être la base d’une recherche scientifique spécifique. Dans un contexte d’étude autre (en psycholinguistique), des observations ont été menées, pour évaluer les potentialités cognitives de quelques sujets polyhandicapés. A l’aide du Profil de Compétences Cognitives du Jeune polyhandicapé (P2CJP), il a été évalué 14 sujets dont la moyenne d’âge est de 9,85 ans.
L’évaluation a mis en évidence une incapacité à utiliser le langage oral. Par contre, l’analyse psycholinguistique a montré que, les sujets inspectés sont aptes à : reconnaitre les endroits de leur environnement, identifier différentes personnes, faire un choix entre deux mets distincts, dissocier ce qui leur appartient de ce qui ne l’est pas… Toutes ces constatations indiquent que ces polyhandicapés possèdent des aptitudes cognitives sur lesquelles l’on peut s’appuyer, pour mettre sur pied des stratégies de prise en charge, visant à améliorer les potentialités intellectuelles préservées. Malgré les énormes incapacités physiques, les polyhandicapés sont capables de "s’exprimer", à travers des gestes corporels, le regard, les mobilités faciales... L’apport du physiothérapeute ne viendrait-il pas accroître les performances des sujets en situation de polyhandicap ?
L’existence des sujets polyhandicapés est fortement mise à mal. Malgré cela, ils arborent des capacités susceptibles d’ouvrir l’accès à des méthodes d’apprentissage. Cette initiative peut donc se greffer à des soins paramédicaux tels que la kinésithérapie.